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Dans ce numéro :

L’événement commun INECO et Nostrum-DSS à Chypre : la GIRE (gestion intégrée des ressources en eau) par le biais de la coordination, de la diffusion et de l’exploitation des résultats de recherche

Égypte : rencontrer les résidents locaux de Basandeila

Syrie : débat avec les autorités sur la pollution de la rivière Barada

Liban : dévoiler les conflits et perceptions relatifs au stress hydrique dans le bassin hydrographique de Damour

Chypre : propositions des citoyens pour la protection de l’aquifère de Pegeia

Les produits livrables du second semestre d’INECO

Les futurs événements relatifs au projet

Le consortium INECO

L’atelier des parties prenantes INECO en Syrie
Débat avec les autorités sur la pollution de la rivière Barada

Contexte – La pollution de la rivière Barada

Le bassin de la rivière Barada est situé au sud-est de la Syrie. L’écosystème de la rivière est soumis à des pressions accrues, conséquence d’une urbanisation et d’un développement industriel rapides et non contrôlés, la capitale Damas se trouvant dans cette zone.

A l’origine, la rivière Barada était une ressource environnementale et socioéconomique vitale, irrigant l’oasis de Ghouta. Elle contribuait à l’économie locale et constituait un écosystème riche, également considéré comme un patrimoine culturel. Toutefois, au cours de ces dernières années, les écosystèmes de la rivière Barada se sont effondrés, en raison d’une part, de l’importante charge de déchets industriels et domestiques et du déversement d’eaux usées, qui excèdent la capacité d’autopurification de la rivière et, d’autre part, de la réduction du débit de la rivière, due à la diminution des précipitations et à l’utilisation de la source du Feige pour la distribution d’eau potable.

Aujourd’hui, les efforts entrepris pour résoudre le problème sont insatisfaisants, en raison de lois environnementales trop laxistes, de restrictions législatives et d’un manque de prise de conscience environnementale. La plupart des industries déversent des contaminants dans le réseau d’eaux usées, ou tout simplement dans les terres ou les rivières, sans traitement, gratuitement, et sans qu’aucune pénalité ne soit appliquée. En outre, la répartition géographique de micro ou petites industries nuit à l’efficacité du contrôle des déversements. Les pratiques agricoles actuelles, notamment l’application excessive de fertilisants et de pesticides, la surexploitation des ressources en eau et la mise en œuvre de méthodes d’irrigation inefficaces, ont également contribué à l’aggravation de la pollution de l’eau dans cette zone.

Rejet de déchets solides, d’eaux usées industrielles et baisse du débit de la rivière Barada


La source du Barada en février 2008

L’atelier INECO en Syrie

L’atelier INECO « Construire une vision commune en faveur de la réduction de la pollution de l’eau de la rivière Barada » s’est tenu à Damascus, le 10 septembre 2007. L’événement a regroupé 54 participants, parmi lesquels des représentants des autorités publiques et des ministères en charge de divers problèmes associés à la diminution de la pollution de l’eau, ainsi que des ONG et des associations d’usagers.

La 1ère session (Introduction) incluait:

  • Le discours de bienvenue du Dr. Jamil Falloh, responsable des ressources en eau dans l’agglomération de Damas, et représentant du ministère de l’irrigation. Le Dr Falloh a abordé dans le détail les problèmes relatifs à la pollution dans le bassin de la rivière Barada. Il a expliqué que les eaux usées déversées sans traitement préalable posent de graves problèmes en matière de santé et d’environnement. Il a indiqué que le gouvernement met actuellement en œuvre de nouveaux projets et a entrepris un important programme d’investissement pour la construction de nouvelles usines de traitement des eaux usées.
  • Le Pr. Dionysis Assimacopoulos (coordinateur du projet INECO) a résumé les concepts et les prémisses d’INECO, en présentant dans un contexte plus large les défis rencontrés en matière de gestion de l’eau dans la région MENA, ainsi que les objectifs et la méthodologie spécifique du projet INECO. Il a expliqué les objectifs de l’atelier et les opportunités que celui-ci peut offrir, aussi bien au projet qu’aux parties prenantes qui participent à cet effort.

La 2ème session visait à encourager le débat entre les parties prenantes, en définissant un cadre de discussion :

  • L’ingénieur Malek Haddad, de la société Studies and Integration Consulting, partenaire régional d’INECO en Syrie, a indiqué que le respect de l’environnement constitue une responsabilité partagée entre les individus, les communautés, les organisations et le gouvernement. Il a notamment insisté sur le fait que le rôle des décisionnaires politiques est d’établir et de mettre en œuvre un cadre pratique et applicable en faveur de l’intégration de la gestion des ressources en eau dans le contexte national, en prenant en considération l’expérience et les meilleures pratiques déjà appliquées dans d’autres pays. Il a ensuite présenté une vue d’ensemble du cadre institutionnel et économique actuel en matière de gestion de la qualité de l’eau en Syrie et a proposé une introduction au problème de gestion de l’eau, qui était le thème de l’atelier, à savoir « La pollution de l’eau par les eaux usées ménagères, industrielles et agricoles dans le bassin de la rivière Barada ». L’ingénieur Haddad a présenté de nombreuses photos de la rivière Barada, depuis sa source jusqu’au lac Otayba. Les photos ont illustré de nombreuses sources de pollution le long du lit de la rivière. En outre, il a souligné l’augmentation de l’urbanisation de l’agglomération de Damas au cours des 40 dernières années en présentant des photos satellites.
  • Mme Eleni Manoli (Ingénieur produits chimiques, National Technical University of Athens), a présenté les concepts de la gestion intégrée des ressources en eau, ainsi que les instruments et les approches permettant de prévenir et de contrôler la pollution de l’eau. Au cours de cette présentation, il a été demandé aux participants à l’atelier de mettre par écrit leurs perceptions vis-à-vis des causes et des impacts de la pollution et de la détérioration de la qualité de l’eau de la rivière Barada.

La 3ème session était dédiée au débat entre les participants, qui ont exprimé leurs sentiments vis-à-vis du thème abordé. Les principaux problèmes soulevés étaient les suivants :

  • L’application de la loi, aussi bien par les établissements du secteur public que par ceux du secteur privé, est un aspect crucial. La législation en matière d’environnement n’est toujours pas appliquée en totalité en raison de nombreuses difficultés de mise en œuvre pour les établissements publics, résultant d’un manque de volonté politique.
  • Il est très important d’harmoniser et d’intégrer les différentes politiques sectorielles.
  • La mise en œuvre de tout instrument économique doit s’appuyer sur une approche participative, impliquant tous les organismes responsables afin d’identifier et d’approuver des solutions.
  • Il est nécessaire de repenser le concept global des politiques en matière d’eau, notamment vis-à-vis de la sécurité alimentaire, de la sécurité de l’eau et des coûts liés à l’exploitation de l’eau.
  • Les solutions aux problèmes sont déjà connues. Ce sont les décisions qui sont nécessaires, et leur mise en œuvre devrait provenir des décisionnaires des hauts niveaux politiques, et non des experts. Tous les ministères devraient être impliqués, afin de créer une politique de l’eau très spécifique, ciblée et claire, qui devrait ensuite être présentée aux décisionnaires de haut niveau pour être mise en œuvre.

La couverture médiatique de l’événement, qui incluait des interviews pour la télévision nationale et la radio locale et des annonces dans les journaux locaux, a contribué à améliorer la prise de conscience du grand public concernant l’importance du problème analysé et l’effort entrepris par INECO.

Plus d’informations sur l’atelier de Syrie

Workshop survey

L’enquête réalisée auprès des parties prenantes locales, dans le cadre de l’atelier INECO en Syrie, avait pour objectif de parvenir à un ensemble d’options envisageables pour le traitement de la pollution de la rivière Barada. 

Au total, 46 participants à l’atelier ont répondu à cette enquête constituée de 15 questions. Les résultats les plus significatifs obtenus dans le cadre de l’enquête étaient :

  • Bien que le manque d’eau soit considéré comme le principal problème de gestion de l’eau (environ 70 % des réponses), la pollution de l’eau est également considérée comme un aspect important (environ 48 % des réponses).
  • Selon la majorité des participants (87 %), la pollution de la rivière Barada est un problème très important qui doit être traité immédiatement. Les risques plus élevés pour la santé sont considérés comme l’impact le plus conséquent. Ils sont également associés à la pollution des nappes d’eau souterraines.
  • Voici les principales causes considérées comme étant à l’origine de la pollution de la rivière : a) l’inadéquation de la collecte et du traitement des eaux usées domestiques (41 %), et b) le déversement d’effluents industriels sans traitement préalable (33 %).
  • Selon les personnes interrogées, l’industrie est le secteur sur lequel les politiques doivent se concentrer (48 %), suivie par la collecte et le traitement des eaux usées dans les municipalités (environ 26 %). L’agriculture est quant à elle considérée comme un aspect beaucoup moins important (6 %).

Quatre instruments principaux visant à limiter la pollution industrielle ont été abordés puis classés par les participants à l’atelier, à l’aide d’une échelle allant de un (le moins efficace) à cinq (le plus efficace). Les résultats du classement sont présentés dans le schéma ci-dessous.


Résultats de l’enquête auprès des parties prenantes de Syrie – Classement des options permettant de réduire la pollution industrielle
(Cliquez ici pour agrandir)


Plus de résultats de l’enquête de l’atelier de Syrie